Je viens d'apprendre que la rédaction de gamekult demissionne suite au rachat du site.
Voilà leur message d'aurevoir :
Comme vous l'avez peut-être appris durant le numéro d'Appelez-moi le directeur de ce jeudi 17 novembre, la rédaction interne de Gamekult quittera ses fonctions le 7 décembre prochain, à l'instar de la quasi-totalité de la rédaction étendue, en activant sa clause de cession. La fin d'une ère, le début d'une autre.
C'est à la suite d'une longue et douloureuse réflexion, entamée au début de l'été avec le processus de changement de propriétaire pour le site, qu'une très grande partie de la rédaction a choisi de partir en s'appuyant sur cette particularité propre à la profession. Elle permet aux journalistes qui le souhaitent de quitter leur emploi avec les conditions d'un licenciement, dans le cadre du changement de main de leur média.
Cette décision, prise individuellement par chacun des journalistes concernés, est le résultat d'une accumulation de facteurs qui en font la seule issue possible pour ces derniers, en dépit de l'exploration de différentes alternatives.
C'est le résultat d'abord de contraintes logistiques rapidement devenues intenables : vous le savez peut-être, la rédaction a été contrainte de déménager au début de l'été dans de nouveaux locaux à Boulogne-Billancourt, après des années passées à République, dans le centre-est de Paris. Un déracinement qui a eu un impact inévitable sur les temps de trajet de ses membres, qui s'élève aujourd'hui très souvent à 1h30, voire 2 heures, à l'aller puis au retour. Outre les rythmes de travail (rendus compliqués pour une rédaction qui se doit d'être régulièrement devant la caméra), ce sont aussi les temps de repos, les temps consacrés à la famille, qui ont été considérablement rognés.
C'est ensuite le résultat d'une usure globale, ancienne face au combat nécessaire pour rester fidèle à Gamekult, ses valeurs et ses principes. Une usure qui s'ancre évidemment dans la période noire que traverse la presse depuis des années maintenant, et la presse spécialisée, la presse vidéoludique en particulier. Son écosystème a changé, les canaux d'information ont changé, la place de l'information s'est considérablement réduite face à celle de ce qu'on pourrait appeler l'infotainment. La déontologie journalistique se heurte désormais trop souvent aux exigences de Google, mais aussi des annonceurs dont la volonté de faire disparaître la ligne entre publicité et information s'affirme de plus en plus lourdement.
Le groupe vit bien
C'est aussi et surtout la triste conséquence d'un mariage malheureux et forcé, dans lequel Gamekult n'a jamais trouvé son compte, celui qui a vu le site être absorbé dans un grand groupe en 2007 (chez CBS, à l'époque) pour ne plus jamais en sortir. Des groupes dont l'exigence de croissance et de rentabilité constantes, et dont les coûts à l'augmentation ridiculement exponentielle, ont conduit à l'asphyxie de Gamekult. Face à une publicité en chute libre, l'abonnement a été la bouée de sauvetage du site depuis 2015, garantissant à la fois sa survie et son indépendance. Si échec il y a, ce n'est absolument pas celui de votre soutien à une presse payante, et donc libre, qui a permis à la rédaction de pouvoir continuer son travail jusqu'à aujourd'hui.
Mais la pression financière que l'abonnement, en dépit de son succès, n'a pu atténuer s'est transformée en pression sur les équipes. En choisissant de jouer avec ses propres règles - qualité des contenus, exigence, liberté de ton - au milieu d'un secteur qui était en train de profondément bouleverser les siennes, c'est à la force du sacrifice - financier, personnel, de santé parfois - que Gamekult a pu perdurer.
Cette accumulation a conduit la rédaction vers la seule solution envisageable à ses yeux : le départ. C'est une décision extrêmement lourde, que ses membres prennent avec beaucoup d'émotion et de tristesse. C'est une prise de risque financière d'abord, beaucoup n'ayant pas encore de perspectives futures. Au vu de la santé de la presse vidéoludique, ils tirent aussi, très probablement, une croix sur une carrière, un métier qu'ils choyaient, qui représentait énormément pour eux. Pour notre arbre Mojo, c'est tout simplement une vie.
La rédaction souhaite en premier lieu vous remercier du plus profond de son coeur et de son esprit journalistique pour votre soutien indéfectible, qui l'a portée pendant de longues années. C'est grâce à vous qu'elle a pu accomplir ce qu'elle a accompli, c'est en cherchant à vous proposer une ligne et un contenu de la plus haute qualité possible qu'elle s'est présentée à vous chaque semaine depuis plus de vingt ans. Vous avez été le carburant de son moteur, la pommade de ses bobos, le centre de ses réflexions et pour ça, pour exprimer cette reconnaissance, il n'y aura probablement jamais suffisamment de mots. Misons sur un simple merci, de la taille de plusieurs montagnes, de plusieurs petites planètes même.
L'équipe s'en va, mais Gamekult continue. Une nouvelle rédaction devrait prochainement se mettre en place pour écrire une nouvelle page de son histoire. En l'espèce, et dans la mesure où le service continuera, Unify n'offrira pas de possibilités de remboursement des abonnements déjà engagés (selon les termes des CGU). Sachez par ailleurs quand dans ce mouvement de transition, Jarod restera engagé au moins un temps sur l'actualité du site et que vous apercevrez la signature de Virgile quelques semaines avant son départ en janvier.
Du fond de notre coeur à tous, merci. Tout simplement merci.