Depuis le passage à l'ère de la TNT, il est quasi obligatoire de posséder une Set-top box (ouDécodeur TV) pour pouvoir regarder la télé. La plupart des modèles se contentent de permettre d'accéder aux chaînes tandis que d'autres proposent plus de fonctions comme par exemple une connexion internet, la possibilité de jouer, d'enregistrer des programmes TV ... Même si ce genre d'appareils pourrait vous sembler assez récent, il faut savoir qu'une machine regroupait déjà toutes les fonctions précédemment citées ... en 2001 ! Et devinez qui faisait parti du projet ? Sega !
Un des tout premiers prototypes présenté à la presse. L'emplacement des ports manettes, comme la face avant de l'appareil, était loin d'être définitif.
C'est le 29 Janvier 2001 que cet étrange hybride électronique fut officiellement annoncé. Pace, société britannique spécialisée dans les décodeurs TV, aurait passé un accord avec Sega dans le but de créer un tout nouveau "magnétoscope numérique", incorporant l'hardware de la Dreamcast. Ah, rien que le nom de "magnétoscope" devrait vous ramener quelques années en arrière ! Prédécesseur des Box TV, ce type d'appareil permettait d'avoir accès à des chaînes payantes et de pouvoir les enregistrer sur support VHS ou numérique.
Premièrement, une des grosses spécificités de l'engin : son absence de lecteur de disque. En effet, tout s'enregistrait sur un bon gros disque dur de 40 Go, ce qui représentait à l'époque une taille de stockage plutôt imposante. Mais alors, quid des jeux de Dreamcast, s'il n'y a pas de lecteur de GD-ROM ? C'est là que ça devient intéressant !
Cette Sega-Pace étant avant tout un décodeur satellite, une chaine de jeux-vidéo était prévue spécialement pour la machine. Elle diffusait de base des clips de jeux vidéo Dreamcast, mais elle servait surtout à télécharger gratuitement des démos ou des jeux complets en illimité, moyennant une vingtaine de dollars par mois. Une sorte de Playsation Network ou Xbox Live bien avant l'heure. Ce n'était pas tout à fait le premier essai de Sega en la matière, en effet il y avait eu auparavant la Sega Channel, qui permettait de télécharger déjà en 1994 des jeux sur Megadrive via le câble satellite TV.
Quelques photos de différentes conférences sur la Pace-Dreamcast. En haut à g. Shinobu Toyoda, vice président de Sega of America et à d. Andrew Wallace, Senior vice président de Pace.
Bien entendu, comme sur la console originelle, le jeu en multijoueurs était de la partie, la machine ayant accès au réseau via l'ADSL (56k, wesh !). Pace à tout de même décider de rajouter une fonction de vidéo-conférence, permettant de voir vos adversaires en ligne, dans un coin de votre écran. On pouvait en effet être filmé grâce au Dreameye, accessoire sorti uniquement au Japon faisant à la fois appareil photo numérique et webcam ... un peu comme l'EyeToy mais avec quelques années d'avance là aussi !
Lors de la présentation, quelques softs étaient jouables comme Sonic Adventure 2, Shenmue et Crazy Taxi, ces derniers fonctionnant parfaitement. A priori, plus d'une cinquantaine de jeux pouvaient être stockés en même temps sur le disque dur. D'autre types de contenu pouvait être téléchargés, comme par exemple des musiques MP3 ou même des fichiers de sauvegardes. Des fonctions PDA était aussi envisagées pour le VMU, vous savez la petite carte mémoire de la Dreamcast avec un écran !.
Niveau connectique, ce magnétoscope hi-tech avait droit à un port d'extension, un récepteur infra-rouge, une prise pour le modem, ainsi que 4 ports manettes qui, contrairement aux photos que j'ai postées, auraient dû se trouver ailleurs que sur le dessus. Il aurait apparemment été probable que des ports USB fassent leurs apparitions sur la version finale.
D'autres photos de la bête ...
Sûre de son produit, la société britannique se voyait déjà mettre en circulation des machines incorporant cette fois-ci des Playstation 2, GameCube ou Xbox (rien que de penser à la taille avec cette dernière ...). Andrew Wallance, le vice président de Pace disait d'ailleurs que ce produit "créera un nouveau segment dans le marché ainsi qu'une nouvelle génération de joueurs". Rien que ça. Parallèlement, Sega avouait son désir de vouloir fournir du hardware Dreamcast à des appareils autre que les consoles de jeux afin d'étendre son marché.
Une sortie européenne était prévue pour l'année suivante, avec un prix de vente d'à peu près 450£ (soit 550¤). Malheureusement, vous l'aurez peut-être deviné avec la tournure de certaines de mes phrases, le projet fut abandonné en cours de route probablement à cause de la situation financière désastreuse du constructeur japonais.
En effet, Sega annoncera l'arrêt de la production de la Dreamcast le 31 Janvier 2001, soit à peine quelques jours suivant l'annonce. Pourtant d'autre conférence se tinrent durant le mois de Février, peut-être que Sega pensait pouvoir se relever en vendant son hardware un peu partout ?
Un autre prototype de la console, s'approchant certainement le plus de ce qu'aurait pu être la version finale.
Encore une fois, Sega a voulu être trop en avance sur son temps et n'a pas réussi à sortir sa machine. Ce qui est vraiment dommage pour le coup car cette Sega-Pace me paraissait VRAIMENT intéressante. Même si je ne suis pas un spécialiste en la matière, elle aurait probablement trouvé son public ... même si le prix aurait sans doute fait assez mal.
Je me suis toujours demandé comment aurait été le monde vidéo-ludique si la Dreamcast s'était bien mieux vendue que dans la réalité, et que Sega aurait sorti tous les accessoires promis comme par exemple le lecteur DVD ou le Dreameye en Occident. Et aussi Shenmue 3 par la même occasion. Mais bref, je ne suis là pour parler de ça. Histoire de terminer l'article avec une phrase un brin classe, nous sommes tous simplement face à ce que Sega savait faire de mieux à l'époque : innover et faire rêver.
article issu de Gameblog